En voilà encore un petit morceau...
Est-ce que quelqu'un lit encore mon histoire ? Un petit mot d'encouragement me ferait plaisir... grovel

Mon fils, mon sauveur (5/?)

C’est après une nuit quasi sans sommeil que Clark rejoignit le Planet le lendemain matin. Perdu dans ses pensées, c’est à peine s’il entendit Jimmy l’interpeller avec son enthousiasme habituel.

- Salut CK ! Alors, intéressant, ce rendez-vous avec Helen ?

Clark ne put s’empêcher de sourire à son ami, en lui répondant :

- Salut Jimmy ! Oui, j’ai passé une bonne soirée.

Mais son cœur n’y était pas, et il gagna directement son bureau, sans chercher à prolonger la conversation. Les premiers temps, Jimmy avait souvent vu chez son ami cette habitude de se replier sur lui-même, et il avait compris que Clark mettrait du temps à surmonter la perte de Lois. Mais depuis quelques mois, depuis qu’il sortait avec Helen, en fait, il lui semblait que Clark allait mieux, et retrouvait peu à peu sa jovialité des premiers temps. Ce fut donc avec une certaine inquiétude que Jimmy constata ce matin-là que Clark semblait replonger dans ses pensées. Aussi s’approcha-t-il de lui, décidé à le dérider un peu.

- Alors, raconte !

- Quoi ? de quoi me parles-tu ?

- Ton rendez-vous !

- S’il te plait, Jimmy, pas ce matin…

Clark leva sur Jimmy un regard fatigué, qui acheva d’alarmer ce dernier. En effet, Clark n’était jamais vraiment fatigué, et ce regard était, pour quelqu’un comme Jimmy qui connaissait Clark depuis des années, lourd de signification. C’était un regard qui parlait de lassitude, mais aussi de désespoir. Jimmy se tut un instant, partagé entre le soucis de ne pas harceler son ami, qui ne le voulait manifestement pas, et la volonté de l’aider coûte que coûte à surmonter son deuil. Il finit donc par demander, sur un ton aussi neutre que possible :

- Il y a un problème avec Helen ?

- Helen ? demanda Clark d’un ton surpris. Non, non… Helen va bien, pour autant que je sache.

Donc, ce n’était pas Helen le problème, et, contrairement aux espoirs secrets de Jimmy, Clark venait indirectement de lui révéler qu’ils n’avaient toujours pas passé la nuit ensemble. Au bout de 6 mois, alors qu’ils étaient tous deux adultes, voilà qui prouvait bien que Clark n’était pas guéri de Lois. Car le problème ne venait pas d’Helen, cela, Jimmy en était sûr. Il les avait observé ensemble, et il n’était pas nécessaire d’avoir un diplôme en psychologie pour comprendre qu’Helen était folle de Clark !

- Alors, quoi ? Qu’est-ce qu’il y a, CK ? Tu allais mieux, et voilà que tu recommences à broyer du noir. Tu sais que je ferai tout ce qui est mon pouvoir pour t’aider…

- Merci Jimmy, coupa Clark, en se passant les mains dans les cheveux, signe chez lui d’une intense frustration. Je le sais, et je te remercie, mais là, je ne sais pas moi-même quel est le problème !

- Alors explique ! Je suis ton partenaire ! Et à deux, on réfléchit mieux… même si je ne suis pas Lois, ajouta Jimmy pour lui-même.

- Tu as sans doute raison…

Clark prit alors une longue inspiration avant de continuer.

- Voilà, j’ai reçu deux fois de suite un courrier bizarre. La première fois, j’ai cru que c’était une erreur. Mais j’ai reçu le même sur mon adresse personnelle. Je n’y comprend rien.

- A quel sujet, ce courrier ?

Un rictus douloureux assombrit le visage de Clark lorqu’il répondit :

- Je vais te montrer.

Il ouvrit alors sa boite à lettres pour montrer le message à Jimmy. Celui-ci fronça les sourcils en le lisant. Cela avait l’air d’une blague, mais dans le contexte actuel, c’était cruel. La colère l’envahit en pensant à l’individu assez lâche pour faire souffrir ainsi son ami. Il en avait vu assez. Ce n’était utile de lui rappeler ce qu’il n’aurait tant voulu, et qu’il n’aurait jamais.

- C’est curieux… L’adresse est bizarre. Elle ne ressemble pas aux adresses communes. Elle est sûrement cryptée… Et en plus, elle vient sûrement de l’étranger. Si tu veux, je peux essayer de la retracer.

- Tu en es capable ? demanda Clark avec soupçon d’espoir dans la voix.

- Eh ! Tu oublies à qui tu parles ! Si c’est un blagueur de mauvais goût, il ne peut pas être plus doué que moi ! Je vais l’avoir les doigts dans les nez !

- Tu penses que c’est une blague, n’est-ce pas ? souffla Clark à mi-voix.

Le ton de son ami poussa Jimmy à lever les yeux vers lui. Mais Clark évita son regard.

- Clark, tu dois arrêter de vivre comme ça dans un monde d’illusions. Elle est morte ! Et puis vous n’aviez pas d’enfants ! Je sais que c’est moche, comme blague, et dès que je l’aurai trouvé, je botterai le derrière de ce crétin, mais tu dois réagir.

- Oui, tu as probablement raison. Merci Jimmy. Je vais me remettre au travail. Perry m’a confié un papier à faire sur le choc émotionnel subi par les familles adoptantes qui n’ont pas pu accueillir d’enfants, lorsque le trafic a été démantelé. J’ai intérêt à m’y mettre si je ne veux pas être viré !

- Ok ! ça, c’est ton rayon… Moi, je dois achever d’éplucher les comptes de cette soi-disant association pour l’édition économique de demain ! Souhaite-moi bon courage !

- Chacun ses problèmes, vieux ! répondit Clark avec son premier vrai sourire de la journée.

Clark regarda son ami s’éloigner. Jimmy était le seul à réussir à le dérider les jours où il broyait du noir, et il lui était reconnaissant de ses efforts même s’ils n’étaient pas toujours très subtils. Il savait que Jimmy n’avait que de bonnes intentions en l’empêchant de sombrer dans un monde que tous jugeaient fait d’illusions. Mais, il n’en restait pas moins incapable d’admettre que Lois était morte. Et ce curieux message lui apparaissait comme un signe, aussi absurde que cela puisse sembler au premier abord. Son instinct le lui hurlait, et Lois lui avait appris bien longtemps auparavant qu’il ne devait jamais négliger son instinct. Il y avait un lien, il en était sûr. Et il allait trouver lequel. Après tout, s’il était journaliste d’investigation, ce n’était pas pour rien. Ragaillardi par cette décision, il se mit au travail avec un regain d’énergie. D’abord, son papier pour Perry. Ensuite, Jimmy aurait peut-être trouvé quelque chose, et il partirait de là.

Il tapait furieusement sur son clavier, environ une demi-heure plus tard, lorsque son téléphone sonna. Il décrocha machinalement :

- Clark Kent …

- Salut, beau gosse !

- Helen ! Bonjour, comment vas-tu ? demanda-t-il gentiment.

- Bien ! j’avais juste envie d’entendre ta voix… et te demander si tu étais libre pour le déjeuner ? fit-elle pleine d’espoir

- Oh ! Eh bien… j’ai du travail, mais pourquoi pas ? A midi, au Déli qui est en face du Planet ?

- Super ! je passe te prendre !

- D’accord. A toute à l’heure !

- Comptes-y. Je t’embrasse.

- …

Clark avait raccroché, en évitant une fois encore de répondre aux termes affectueux d’Helen. Il se sentit soudain mal à l’aise. Il n’avait pas vraiment envie de déjeuner avec Helen. Il avait plus urgent à faire. Et il n’avait pas envie qu’elle l’embrasse. Et il s’en voulait de ne pas en avoir envie. Il appréciait pourtant vraiment Helen. Mais, il se sentait complètement incapable de lui donner ce qu’elle attendait de lui, tout en étant tout aussi incapable de lui dire que leur relation était sans avenir. Il avait eu tord de lui donner de l’espoir la veille au soir. La nuit sans sommeil qu’il avait passée était aussi liée à la culpabilité qu’il éprouvait à son sujet. Il était vraiment injuste avec elle. Il allait devoir être clair tôt ou tard.

En colère contre lui-même, il acheva son article. Il allait l’envoyer à Perry lorsque Jimmy approcha de son bureau avec un air tout réjoui.

- Je te l’avais dit que je l’aurai, ton blagueur de mauvais goût ! C’était bel et bien une adresse cryptée de l’étranger, et j’ai dû d’abord contacter un ami qui…

- Jimmy ! l’interrompit Clark un peu brusquement

- Euh, désolé… Bref, ton courrier semble venir d’un ordinateur situé quelque part dans les Alpes françaises, acheva Jimmy triomphalement.

- Dans les Alpes françaises ? Tu rigoles ?

- Pas du tout. C’est bizarre, non ?

Et sans autre commentaire, tout à sa joie d’avoir réussi sa mission, Jimmy repartit à ses activités. Clark n’avait pas bougé, et essayait de trouver un sens à cette information. Pourquoi un plaisantin français lui enverrait-il ce genre de canular ? Il fouilla dans sa mémoire pour tenter d’y retrouver de vieilles connaissances dans cette région. Mais il ne voyait personne, et encore moins quelqu’un susceptible d’envoyer un message avec un pareil contenu. Le mystère restait entier.

Il en était là de ses réflexions lorsqu’il fut interrompu par un appel retentissant de Perry. Toute l’équipe était massée devant les écrans de télévision, où un flash spécial était en train d’être diffusé. Apparemment, un tremblement de Terre venait d’avoir lieu en Campanie, près de Naples, et on craignait que le Vésuve n’entre en éruption d’un moment à l’autre. Clark se glissa subrepticement en direction de l’escalier qui menait au toit et prit dans la seconde la direction de l’Italie du Sud. Des millions de gens étaient en danger, sans compter des trésors archéologiques inestimables, et le monde avait besoin de Superman.

Ce ne fut que très tard dans la soirée que Clark put enfin quitter l’Italie. Il était parvenu, en creusant une seconde chambre magmatique et un tunnel pour évacuer le trop plein de lave dans une zone inhabitée, et en absorbant lui-même un maximum de gaz toxiques, à éviter une explosion majeure qui aurait été catastrophique. La population napolitaine pourrait désormais dormir tranquille pour de nombreuses années. Il avait, à son habitude, téléphoné l’interview exclusive de Superman à Perry, qui s’était révélé satisfait et ne l’avait pas questionné davantage sur sa disparition de la salle de rédaction en pleine crise. Clark ne s’en étonna pas. Il se doutait que Perry connaissait son secret, tout en sachant qu’il ne l’admettrait jamais. Clark jouait le jeu, et c’était très bien comme ça.
Pour le moment, il était exténué, et il décida, après une douche rapide pour se débarrasser des vapeurs toxiques du volcan, de se rendre directement à Smallville, où il serait encore temps pour lui de dîner avec ses parents, en raison du décalage horaire.
Le répondeur clignotait lorsqu’il pénétra chez lui par le jardin. Il appuya sur le bouton, et sortait déjà de la douche lorsqu’il entendit la voix déçue et un peu en colère d’Helen qui lui reprochait leur rendez-vous manqué. Il se mordit les lèvres avec agacement. Il avait complètement oublié, et ne lui avait même pas laissé un message pour s’excuser. Maintenant, il allait devoir rattraper la situation… et prendre enfin une décision ! Mais, pour ce soir, il était trop tard. Conscient qu’il ne cherchait qu’à gagner du temps, il s’habilla à supervitesse et prit la route pour Smallville, en se promettant d’appeler Helen le lendemain.

Il se posa à Smallville quelques instants plus tard, et fut accueilli par les affectueuses embrassades de ses parents.
Pendant le dîner, il leur raconta ses exploits en Italie, et fut chaudement félicité. Mais, après le dessert, lorsqu’ils s’installèrent dehors pour regarder le ciel, et que la converstion commença à tomber, Martha sentit très vite que quelque chose tracassait son fils.

- Chéri, tu es sûr que tout va bien ?

- Oui maman, ne t’inquiète pas, répondit-il avec suffisamment de conviction, mais en ne parvenant pas tout à fait à soutenir son regard.

- Depuis quand crois-tu pouvoir me cacher que quelque chose ne va pas, Clark ?

Clark soupira. Que pouvait-il leur dire ? Que de bizarres messages avaient, en dépit du bon sens le plus élémentaire, ranimé son espoir fou que Lois était en vie ? Qu’il ne savait pas comment expliquer à Helen que leur histoire n’avait pas d’avenir ? Tout cela allait leur faire de la peine. Eux aussi espéraient qu’il allait mieux et recommençait à vivre. Mais il savait aussi qu’il ne pourrait pas tromper sa mère.

- Que pensez-vous d’Helen ? demanda-t-il alors.

- Tu es amoureux ? demanda Martha pleine d’espoir .

- Martha ! l’interrompit son mari d’un ton faussement bourru.

- Je l’aime bien. Elle est intelligente, sensible et drôle…

- Mais tu n’es pas amoureux, constata Martha, en entendant le ton de son fils.

- Non, je ne crois pas.

Martha soupira. Elle avait espéré, mais elle s’était rendu compte que Clark ne voyait en Helen qu’un agréable distraction, et non la femme qui lui rendrait sa vie.

- Alors, tu dois le lui dire, chéri. Ce n’est pas juste pour elle.

- Je sais, maman. Mais c’est dur.

- Fils, interrompit Jonathan, même si cette jeune femme est charmante et que sa compagnie te fait du bien, tu dois penser à elle. Plus tu attendras pour être honnête, et plus tu la feras souffrir.

Ce que Clark aimait tant chez ses parents, c’est qu’ils étaient capables d’exprimer à haute voix, sans jugement, les pensées qu’il n’osait pas s’avouer à lui même. Ils avaient raison, évidemment.

Le lendemain matin, il téléphona à Helen pour l’inviter à déjeuner, et il réserva Chez Mike, un petit restaurant appartenait à un oncle de Lois. La cuisine y était délicieuse, et Clark savait que Mike lui réserverait un coin tranquille où Helen et lui pourraient parler.

Lorsqu’il retourna au Planet, en début d’après-midi, il était à la fois triste et soulagé. Helen avait été très digne. Elle avait tout de suite compris où Clark voulait en venir, et elle n’avait pas essayé de lui faire changer d’avis. Elle voyait bien aussi, même si elle ne prétendait pas comprendre pourquoi, que Clark souffrait autant qu’elle de cette rupture et elle avait mal pour lui de le voir incapable à ce point de retrouver le bonheur. Il était à une autre, et le serait à tout jamais. Elle le savait depuis longtemps, et elle était soulagée, finalement, que ce soit lui qui ait pris la décision difficile de rompre. Maintenant, elle devait reprendre le cours de sa vie.

TBC


Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre ...